














On laisse un vocal ? On brûle ? On enterre ? On emballe à tout jamais ? On écrit une lettre, un mot ? On diffuse une image, un son ? On entre dans un cercle de disparition ? Comment prendre soin de préparer ce qui pourrait être la dernière fête ? Comme une fête funèbre idéale, où l’on confectionne son linceul en copeaux de bioplastique, où l’on prépare un buffet d’offrandes bizarrement alléchantes et où l’on rassemble tous les gens qu’on aime.
Manger, boire, offrir pour l’éternité est comme un rituel-offrande, qui ouvre des questionnements formels sur ce qu’on ingère, ce qu’on inhale et ce qu’on met sur notre peau jusqu’à la dernière heure. Cette soirée s’intéresse poétiquement à l’après-vie, quand le sol comprend ce que nos corps ont ingéré.
La soirée performance Manger, boire, offrir pour l’éternité propose de se rassembler pour manger et boire, à la suite d’une cérémonie de bioplastique qui reprend le code visuel de l’humusation. L’humusation est une recherche intéressante compte tenu de la pollution que l’industrie funéraire peut générer.
Elle propose le même processus que le compost, mais à l’échelle du corps humain. L’installation de copeaux de bioplastique (duquel je ne suis pas sure de vouloir sortir lors de la performance) témoigne aussi de mon expérience avec des matériaux imprévisibles. Au début de ce projet, je rêvais d’un linceul fabriqué entièrement dans une matière biodégradable.
Le buffet est en collaboration avec mon amie Lisa Mouchet, artiste, illustratrice et fervente pratiquante des buffets.
Soirée performance présentée à la Tour Orion le 29 mars 2023
avec le soutien de Non étoile
Images : Thomas Buisson





Les adipocires ne montrent aucune décomposition ni odeur de décomposition, je les décris comme une fusion entre planéité funéraire et recherche formelle simple, avec cette matière qui bouge beaucoup selon qu’elle est dans l’eau ou à l’air.
Il existe des « rituels protofunéraires chez certaines espèces comme les éléphants ou les singes; ainsi, certaines mères chimpanzés continuent à porter leur bébé mort et à le choyer jusqu’à ce que celui-ci se décompose littéralement sur leur corps et finisse par en tomber. » (Pierre Madelin) Ce rituel a inspiré ces sortes de linceuls séchés, friables et vides, sur lesquelles j’invite à prendre place.
Installation immersive et participative en déambulation
avec le soutien de non étoile
Images : Julia Piccolo, Thomas Buisson et Marine Prunier
J’ai creusé une tombe lors de mon séjour à Hôtel Expérimenta.
C’était d’abord pour l’expérience de creuser, d’avoir chaud, d’avoir des ampoules et mal aux muscles. C’était aussi pour être avec la terre. Je me suis rendu compte que c’était un piège à bousiers, limaces et grenouilles. Mais c’était surtout un moyen de parler de la mort, un moyen de connexion. Cette histoire de tombe nous rassemblait, le soir, le midi, quand on se croisait, avec les gens de l’Hôtel. J’ai envoyé les coordonnées gps au groupe. J’ai laissé la tombe à disposition, pour celleux qui souhaitaient en faire l’expérience.
On a fait un temple, un endroit où chacun.e pouvait laisser un objet.
J’y ai passé du temps, j’y suis allée tous les jours, pendant une semaine. Cette histoire était un moment intime et collectif. J’ai rassemblé tout le monde le dernier jour pour qu’on referme la tombe ensemble, il y a eu un rayon de soleil et juste après : la grande pluie.
Il y avait aussi Emmanuel et Thomas qui jouait respectivement du violon et du violoncelle.
Et des boudoirs, pour le goût dans la bouche. Il y a eu de la vie autour du trou, autour de la terre et autour de la mort.On a cherché ce que ça voulait dire, on continue de chercher et nous n’arrêterons jamais.
Avec le soutien de l’Hôtel Expérimenta.
Photos et film : Eléonore Berrubé













J’ai imaginé cette performance, ce rituel, ce soin, cette expérience comme les oiseaux qui font leurs nids avec des bouts de plastiques, des cheveux, du vieux papier, des brindilles.
En élargissant ce qu’il y a déjà dans le monde. J’ai imaginé des objets avec ce qui était déjà là, autour de moi. Après, j’ai laissé rêver. Dans cette performance, je propose d’être à même de recevoir, d’être en état de réception, d’être à soi, d’être dans l’existant, c’est-à-dire dans la perception, l’attention et la considération de ses sens. C’est une proposition de soin, à l’aide des objets que vous voyez, car ils offrent du son, des odeurs et une gestuelle qui sont susceptibles de faire du bien.
Ce travail a été soutenu en partie par TUO TUO Kulttuuri Tila & Résidence et l’Amicale.
Ce travail a été soutenu en partie par TUO TUO Kulttuuri Tila & Résidence et l’Amicale.
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Autonomous, Celestial et Connection, voilà comment pourraient s’appeler ces trois tombeaux de neige. Ou les Imputrescibles. La neige est un moyen de conservation merveilleux, elle me séduit. Elle est à la fois forte et fragile, et l’évolution des tombeaux fera partie intégrante de l’installation. Les monuments funéraires proposent du repos, c’est avec cette idée que j’ai pelleté ceux-là. Je me demande aussi comment faire une place aux morts, hors des cimetières payants et conventionnels. Je crois que les morts ont une véritable puissance, et que leur puissance d’agir est dans la question : qu’est-ce qu’ils nous font faire ? Avec ces sculptures, je commence des recherches et me questionne sur comment fabriquer des cimetières, comment instaurer des rituels et comment pratiquer les deuils. Pouvons-nous créer de nouveaux espaces de repos et de recul ? Poétiques et gratuits.
Ce travail a été soutenu par TUO TUO Kulttuuri Tila & Residency.